L'almanachronique

Hello les blogos ! Plock Plack Plick la blogose !

A force de signaler son avance, d'en déceler ça et là les signes ostentatoires, d'anticiper un futur qui ne nous laissera pas ou peu de répit et par essence arbitraire, le voilà enfin, farci d'une vie frémissante et impatient d'effacer les marques d'une somnolence sépulcrale, laidiz and jeantlemane, le printemps is back et pas qu'à l'ubac à l'adret très adroit également et ça nous fait chaud au cœur mais pas que comme l'atteste la protubérance du puceau du coteau d'en face. Vous y êtes ? En tout cas, le printemps est là et nous ne sommes pas prêts d'en être las. La la la.
Ouvrez votre porte et franchissez le seuil de celle-ci.
Je m'adresse essentiellement à la frange infinitésimale de la population hexagonale, les 18% qui habitent en campagne, plus communément appelée milieu rural. 18%, c'est peu. (Un chiffre qui m'a espanté mais il est réel et implacable.) De quoi étonner les 82% restants qui citadinnent.
Ploum Ploum !
Ouvrez-donc votre porte et sortez. Voyez la verdoyante teinte, à peine perceptible, qui nappe les haies, les fleurs blanches des alisiers, des cognassiers et autres aubépines de cheval, notez ce vert presque surnaturel des prairies, les mille et une pâquerettes qui attisent l'appétit des brouteux à la ronde, éprouvez cette douceur angevine matutinale qui accompagne l'astre solaire et qui s'émancipe désormais plus tôt et Mickey de s'en enchanter. (Mickey, Pluto, vous l'avez ?) Et quand je précise et notifie le vert surnaturel, j'évite de provoquer les orientaux des Pyrénées, catalans pour les plus audacieux, plus préoccupés de savourer désormais leur pastis avec une seule et unique dose d'eau. Voyez-donc, pour les autres, ces papillons qui papillonnent, ces bourdons qui bourdonnent et ces mouches qui michetonnent et font rien qu'à faire déjà chier. C'est comme ça, le printemps annonce, certes la vie et la joie, mais également l'infiniment petit, l'infiniment chiant, qui, au regard des ans passés, va singulièrement nous emmerder la quotidien. Aaaah mouches, tiques, moustiques, aoûtats et punaises à venir ! Joie et félicité !
Je reviens sur ce chiffre, 18%. C'est vraiment peu. Comment voulez-vous après ça que les incompétents et peu subtils médiocres qui nous régentent nous voient autrement que comme ces vermines suscitées ? Infiniment petit, immensément ignoré, voire méprisé. Donc, reprenons, 18%, ça fait en gros 7 millions d'âmes plus ou moins aérées du bulbe. Sur ces 7 millions d'âmes, un peu plus de 400 000 exploitations agricoles, en gros 700 000 prolétaires, oublions les bourgeois-serfs qui spéculent-comment-veux-tu, des retraitées-és qui ânonnent, des fonctionnaires qui s'estompent et qui en chient, des docteures et docteurs qui s'amenuisent, des bobos post-Covid qui s'ébrouent la caudale dans des 200 mètres carrés vraiment pas chers et tellement ad-mi-râ-bles, des adeptes des tentes de sudation à la coriandre shiatsuienne sauce gingembre anthroposophique, des chasseurs hors-sol, des cadres qui cordent, des femmes qui torchent, qui épaulent et qui nettoient, des artistes Pink Floyd qui font encore des mômes parce que c'est tellement pratique en campagne, des assitées-és qui parasitent richement et, enfin, des momoches (l'inverse des bobos) qui, un jour, s'arrêteront de boire jusqu'à l'ivresse, de manger gras, de fumer, de danser nu sous les astres, de pisser dehors, de rire du présent, de planter et semer et greffer, de s'emmerder, peu et pas longtemps, de cueillir, de se frotter au chêne, de s'aimer et de pétanquer au soleil. Un jour, ils s'arrêteront de faire tout cela. Ce sera interdit.
Mais tout le monde s'en foutra.
Ce monde vivra ailleurs.
Vive le printemps !