Aurélien Barrau, astrophysicien spécialisé en relativité générale et physique des trous noirs troublants, grand défenseur du « vivant » et pourfendeur de l’inertie systémique, préconise pour contrer l’effondrement généralisé de la vie sur Terre des solutions philosophiques et poétiques, bien plus efficientes que celles prescrites par la science ou la politique. A cela, je ne peux qu’acquiescer. Entre Benjamin Péret, poète surréaliste, et Manuel Valls, paillasson catalan caudataire, mon cœur ne balancera jamais et, tout comme Benjamin, j’estime que le « chiendent aide la chienne de vie qui lèche des culs » et, même glacée « comme le miroir où tu contemples la fuite des oiseaux aux mouches de ton regard perdu dans une exposition de blanc encadrés de momies », je peux dire « je t’aime ».
Poétisons la vie et nous nous sauverons.
Et bien que je ne sois pas un poète, je peux néanmoins m’envisager tel un menu troubadour errant, un mâche-laurier, amant des Muses et rêveur.
Mettons le vivant en vie.
« Naissons et vivons. Je Sublime. Homo sapiens sapiens, iris noir, escargot d’opale, moustique, morille, souffle du vent, cascade irisée, corail, gnou, nuit rossignol et bouton d’or, même affaire, symbiose et sève. Respirer, sentir, aimer, bouffer et boire. Baiser. Ou pas. Caresser l’épiderme, errer vers des chemins perdus, sublimer le rien, écouter, goûter un nuage et dormir. Se plonger dans une eau primitive, calculer l’interstice d’une seconde qui passe, transcender le volatile, inventer une teinte, une note, un accord et distiller une joie. En faire une eau-de-vie et s’enivrer à l’envi, jusqu’à la mort gazéifiée. Créer un escalier sans marches, ériger des murs épais sans portes, ni fenêtres, semer des graines, façonner des outils inutiles, forger de la boue, structurer l’air et modeler l’eau. Imaginer une empathie désinvolte. Connaître et savoir. Hiérarchiser le flou et le halo. Dormir le jour et s’éveiller aux étoiles. Se palucher et branler le pistil d’un pissenlit. S’amicaliser avec une roche. Charpenter des bancs, édifier des architectures vivantes, semer des chaises dans les forêts, assembler des tiroirs sans fond, ne rien n’amasser et répandre des idées loufoques. Empiler des rires, égailler et se gausser des bonnes mœurs, très honnêtes, très vertueuses. Révolter et volter le pouvoir.
Naissons et vivons. Je Sublime. »